Cet article a été publié en 2016, les produits ont évolué depuis. Merci de lire l’article mis-à-jour.

L’impression 3D évolue en permanence, rendant possible toujours plus d’applications. Il n’en fallait pas plus pour que Ryan Pereira, avec sa société Pereira 3D Clarinet Innovations, se lance dans la fabrication de barils et pavillons à l’aide de cette nouvelle technologie.

Je l’ai découvert en écoutant le premier épisode du podcast Clarineat de Sean Perrin, et j’ai tout de suite été intrigué par ce nouveau concept. J’ai donc passé commande auprès de Ryan de deux barils (modèles MR et Streamline, ce dernier étant encore au stade de prototype) et d’un pavillon. Je les ai reçus environ une semaine plus tard. Aussitôt arrivés, aussitôt déballés pour faire un premier test avant de partir en vacances !

Je teste d’abord le baril MR.

MR

Les sensations sont bonnes, le son me paraît même un peu plus riche et centré qu’avec le baril d’origine de ma Festival.

J’ajoute ensuite le pavillon.

Bell

La différence de son n’est pas flagrante, ma première impression est un petit manque de résonance dans l’extrême grave. Je remets le pavillon d’origine et je passe au baril Streamline. Aïe, celui-ci n’est pas parfaitement ajusté, il est un peu dur à emboîter sur ma clarinette malgré la graisse que je rajoute sur le liège. Le son est encore plus centré, mais presque trop. On perd en puissance et je ressens une certaine résistance lorsque j’essaie de jouer plus fort. Je pense que ce baril pourrait convenir, mais peut-être pas avec mon bec (un B40 Lyre).

Je m’apprête alors à enlever ce baril, mais il est quasiment coincé. Je fais un petit effort pour le séparer du bec… et crac, le voilà cassé en deux !

SL

Je contacte tout de suite Ryan, qui me propose de m’en envoyer un nouveau. La fragilité vient probablement du fait qu’avec l’impression 3D, les objets sont faits de couches superposées (avec pour l’instant un visible manque de cohésion entre les couches) alors que le bois est fait de fibres. On peut espérer que les techniques évoluent encore pour éviter ce genre de problèmes à l’avenir.

De retour de vacances, je prends un peu plus de temps pour mes essais, et cette fois-ci, je m’enregistre pour essayer d’être plus objectif dans mes observations. Voici 4 enregistrements. Je vous propose de les écouter et de me dire en commentaire lequel vous préférez et pourquoi. Vous trouverez un peu plus bas dans l’article les combinaisons baril/pavillon auxquelles ils correspondent.

A :

B :

C :

D :

3D-Clarinet-s

Maintenant que vous avez entendu les incidences sur le son de ce type de matériel, voici quelques observations complémentaires.

D’abord d’ordre esthétique : si de près, la surface manque un peu de finesse, de loin, l’aspect mat se marie parfaitement avec le reste de l’instrument. Ryan propose également des options de personnalisation. A noter cependant, la surface est fragile, et même un ongle y laisse facilement une rayure.

D’ordre ergonomique ensuite : le polymère utilisé est un matériau très léger, on a donc un gain de poids significatif sur la clarinette. Voici les données mesurées avec ma balance de cuisine :

  • Baril d’origine : 46g
  • Baril Streamline : 18g
  • Baril MR : 30g
  • Pavillon d’origine : 111g
  • Pavillon 3D : 55g

On gagne donc de 16 à 28g sur le baril, et 56g sur le pavillon, soit au total un gain de poids allant de 72 à 84g. La clarinette complète avec les éléments d’origine pesant 819g, on gagne ainsi de 8,8 à 10,3% sur le poids total, ce qui n’est pas négligeable. Pour comparaison, enlever le levier de mi bémol à gauche ne fait gagner que 14g.

Dernier point, le prix. Les barils sont proposés au tarif de $80 et les pavillons $150, ce qui rend cette gamme de produits très compétitive par rapport à la concurrence.

J’aime :

  • Le poids,
  • Le son,
  • L’esthétique (si on ne regarde pas de trop près),
  • Le prix.

Je n’aime pas :

  • Le manque de précision dans les ajustements,
  • La fragilité.

Si vous êtes intéressés, vous trouverez ces produits dans la boutique en ligne Pereira 3D Clarinet Innovations.

3 réflexions sur “Baril et pavillon imprimés en 3D

  1. très intéressant.
    à l’écoute, j’avoue ne pas trop entendre de différence… oui, bon, un peu…
    Néanmoins, il me semble qu’on peut dire que le matériel original donnerait le son le + centré.
    A peine un léger « flou » avec les 2 en 3D…
    Il faudrait entendre ça sur la rhapsodie de Debussy ou du Brahms, et encore!
    Par contre, ce qui me semble intéressant est que l’écoute reste très acceptable quel que soit le matériel, donc l’exécutant prime sur le matériel, c’est rassurant 🙂
    Ce qui m’intéresse plus, c’est ce que TU ressens selon les configurations, un peu comme l’un va choisir un bec avec lequel il se sent + à l’aise alors qu’un autre n’en voudra pas!
    D’autre part, je vais avoir l’occasion de me faire faire des barils dans différents matériaux usinés et non 3D
    A l’occasion, on en reparlera? 😉

    1. Oui, il faudrait que je fasse des tests aussi sur des pièces plus exigeantes, mais je crois que l’essentiel est là. A part ce léger « flou » qui me semble surtout venir du pavillon 3D, il y a très peu de différences. Au niveau des sensations, elles sont très similaires, c’est donc un matériel très confortable à jouer pour moi. Je ne suis pas sûr de pouvoir différencier les combinaisons si je faisais un test à l’aveugle, si ce n’est peut-être ce manque de centrage avec le pavillon 3D.
      Ton expérience future avec différents matériaux pour les barils me semble très intéressante, n’hésite pas à me tenir au courant !

  2. Bonjour,
    Ecoute à l’aveugle (sans tricher!!): le 2 sort largement vainqueur pour moi- gêné par les composantes aigues un peu criardes des autres combinaisons- désolé pour la nouvelle technologie. Après ça ne devient pas un autre instrument non plus mais pour moi, c’est moins joli. Bravo pour le site en tout cas.

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