Un peu de méthode #3

Nous allons poursuivre aujourd’hui notre exploration des différentes façons d’aborder un trait difficile et d’en résoudre les difficultés.
Prenons pour exemple cet arpège tiré du premier mouvement du concerto pour clarinette de Mozart :

Peu importe l’articulation que l’on choisira au final pour l’interprétation, tout le travail que je vous propose aujourd’hui se fera entièrement legato. La première étape est de travailler des allers-retours sur 4 notes plus une :

Des difficultés surviendront sûrement lors des premières tentatives pour le « retour », car lire à reculons n’est pas si simple si l’on n’en a pas l’habitude. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à jouer dans un tempo franchement plus lent. On reproduit ensuite la même démarche en commençant sur la deuxième note :

Puis sur la troisième et ainsi de suite jusqu’à avoir parcouru le trait dans son ensemble. On peut bien sûr faire pour chaque groupe la reprise autant de fois que nécessaire.
Dès lors qu’on s’attache à entrer dans les détails du travail technique, il est très important de ne pas perdre de vue le soutien du son et la direction musicale de ce qu’on est en train de travailler. Ainsi on garde toujours le plaisir de jouer, renforcé par les progrès rapides obtenus lorsqu’on utilise des méthodes efficaces.
Avant de continuer, un petit mot sur l’intérêt de ce travail en allers-retours. Bien souvent, lorsqu’un trait nous pose problème, c’est que la conscience que nous avons des notes est inégale. Certaines ne sont pas assez pensées, pas assez présentes. Le mouvement rétrograde, parce qu’il est inhabituel, difficile parfois, nous installe automatiquement dans un état de concentration qui permet une meilleure conscience de chaque note et de ce qui la relie aux notes voisines. On rétablit ainsi l’équilibre entre toutes les notes, et cet équilibre est conservé lorsqu’on joue ensuite le trait « dans le bon sens ».
Pour aller plus loin dans cette direction, on peut désorganiser davantage le trait en se basant cette fois-ci sur une note pivot autour de laquelle on va tourner, avec toujours cette idée que c’est en modifiant les choses, en les abordant de façons toujours un peu différentes qu’on améliore la version originale, celle de la partition, celle vers laquelle on tend. Le pivot que l’on va choisir est la dernière note du groupe, mais un simple schéma valant mieux qu’un long discours, voici ce que ça donne en prenant les 4+1 premières notes du trait :

Comme pour les allers-retours, on décale ensuite d’une note :

Et ainsi de suite jusqu’à atteindre la fin du trait.
J’ai ici volontairement démarré sur un quart de soupir, cela permet d’arriver sur le temps et aussi de combiner les allers-retours et les pivots, comme ceci :

D’ailleurs, une fois que vous avez pris l’habitude de ces exercices, vous pouvez commencer directement par cette dernière version sans passer par les décompositions exposées plus haut.
J’ai beaucoup travaillé (et je travaille encore) de cette façon, c’est une méthode très efficace !


